ignorance ou indifférence

L'information selon laquelle les enfants de cinq ans pourraient être évalués et "triés"  à l'école par leurs enseignants, selon les catégories pas de risque, à risque, et à haut risque, pourtant bien relayée par les médias, n'a pas produit l'indignation attendue chez de nombreux professionnels de l'enfance, de l'éducation, et de la santé.

Pourtant, il s'agit rien moins que confondre le champ de la santé et de l'enseignement, sans que soit interrogée la pertinence d'une telle confusion des compétences et des rôles, et encore moins l'usage qui sera fait de ce fichier nominatif et se voulant abusivement prédictif.

Car enfin, le symptôme n'est pas assimilable au destin, surtout avant l'âge de la scolarité obligatoire!

Les enfants non scolarisés avant le primaire seront-ils, par défaut, réglés sur le mode "à haut risque" par leurs enseignants du CP?

Que devient, dans cette confusion et cet amalgame entre problèmes de développement, relevant du champ thérapeutique, et difficultés scolaires, relevant du champ de l'école, la notion, ô combien importante, de secret médical? Qui est, rappelons-le, toujours opposable aux médecins et aux équipes de soin en général?

Et qui ne l'est pas du tout aux équipes pédagogiques?

Quelle est la formation qui pourrait permettre aux enseignants d'être dégagés de leur mission première: viser  la réussite à l'école, pour pouvoir adopter le point de vue du soignant, qui est sensiblement distinct de celui de l'enseignant, dans son approche et ses objectifs premiers?

La complémentarité des points de vue n'est pas la fusion de ceux -ci.

A moins qu'il n'y ait plus qu'une mission unique: l'adaptation à tout prix par tous et pour tous.

Un monde meilleur ou le meilleur des mondes?

Les non signataires de la pétition "5 ans et déjà trié" n'ont peut-être pas mesuré la conséquence de cette normalisation du tri. Ou bien y sont-ils indifférents? Parce que déjà triés?